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Eschyle

Les pièces

Les études modernes ont montré que la première des pièces d’Eschyle était Les Perses (Les Suppliants était autrefois considérée comme la plus ancienne en raison de son contenu fortement lyrique). Les Perses est la seule pièce sur un sujet historique qui ait survécu au théâtre grec. La pièce se déroule dans la capitale perse, peu après la bataille de Salamine. La reine, Atossa, est troublée par un rêve qui présage un désastre pour son fils Xerxès, parti en expédition contre les Grecs. Un messager arrive et annonce des pertes terribles et la défaite des Perses. Le fantôme de Darius, père de Xerxès, met en garde contre toute nouvelle invasion de la Grèce.

Cette pièce est vue du point de vue des Perses, et pas un seul Grec n’est mentionné. Eschyle ne cherche pas à glorifier les Grecs mais à montrer comment un peuple entier peut se rendre coupable d’hubris national, ou d’orgueil. La victoire est attribuée aux dieux. L’orgueil démesuré et l’imprudence peuvent conduire à la destruction.

Dans Les Suppliants, le chœur est le protagoniste. Il y a 50 fils et 50 filles et seulement trois personnages : Danaüs, Pélasgus, et le héraut égyptien. Poursuivies par les 50 fils d’Aegyptus, les 50 filles de Danaüs cherchent refuge auprès de Pélasgus, roi d’Argos. Les Danaïdes ne veulent pas épouser les fils d’Aegyptus, qui sont leurs cousins, et Pélasgus, après une consultation démocratique, décrète que l’État les protégera. L’action se termine par une prière et une supplique à Zeus. On ne sait pas si le thème de cette pièce est l’aversion pour l’inceste ; ce qui est clair, c’est l’accent mis sur Zeus en tant que défenseur de la justice.

Aeschyle a probablement été le premier à mettre en scène l’histoire d’Œdipe dans Les Sept contre Thèbes. La pièce se concentre sur Étéocle, fils d’Œdipe et roi de Thèbes. La ville est attaquée par Polynice, le frère d’Étéocle, et six autres guerriers, et les frères meurent l’un après l’autre. Étéocle est le premier personnage réel du théâtre grec. C’est la première pièce avec un prologue et le chœur est moins important. Il y a peu d’action mais une stylisation raide considérable.

Prométhée lié a souvent été décrit comme une pièce statique car le personnage principal, Prométhée, est enchaîné au sommet d’une montagne et ne peut pas bouger. Il est puni pour avoir défié l’autorité du souverain cosmique nouvellement établi, Zeus, en apportant le feu à l’humanité. Prométhée se lamente sur son sort et proclame qu’il sera libéré par un descendant de lo-Héraclès, 13 générations plus tard. Il indique clairement qu’il a sauvé l’humanité de la destruction et qu’il est la source de toute connaissance. Zeus est dépeint comme un tyran absolu et Prométhée comme un rebelle souffrant mais défiant. Tous deux sont coupables d’orgueil démesuré. Tous deux doivent apprendre par la souffrance : Zeus à exercer le pouvoir avec miséricorde, compréhension et justice, et Prométhée à respecter l’autorité. Le pouvoir absolu n’est pas plus acceptable que le défi absolu. La raison (Prométhée) et le pouvoir (Zeus) doivent être équilibrés pour promouvoir une société harmonieuse.

Le chef-d’œuvre d’Eschyle est l’Orestie, la seule trilogie existante du théâtre grec. Les trois pièces – Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides – bien qu’elles forment des drames distincts, sont unies dans leur thème commun de dikeμ, ou justice. Le roi Agamemnon rentre chez lui à Argos après la guerre de Troie, mais il est assassiné par sa femme, Clytemnestre, de connivence avec son amant, Aegisthus. Oreste, le fils d’Agamemnon et de Clytemnestre, est en exil ; il est chargé par Apollon de se venger de sa mère et d’Aegisthus. La sœur d’Oreste, Électre, l’aide à accomplir cette vengeance. Pour le meurtre de sa mère, Oreste est poursuivi par les divinités du sang, les Furies. Dans sa fuite, il atteint Athènes, où il est jugé et acquitté par le tribunal, appelé l’Aréopage. Les Furies se transforment peu à peu en  » êtres bienveillants « , les Euménides.

L’Orestie s’intéresse au problème du mal et de son aggravation. Le mal de la guerre de Troie entraîne le mal chez soi, qui doit à son tour être vengé. Dans l’acte de vengeance, un autre mal est également commis, car la loi antique dit que « à celui qui fait, il sera fait. » Comment briser cette chaîne du mal qui semble sans fin ? Eschyle proclame que Zeus est la réponse à ce problème de théodicée. Eschyle croit que la souffrance est une partie innée du modèle de l’univers et qu’à travers la souffrance émerge un bien positif.

Albin Lesky a noté (1965) que « la tragédie eschyléenne montre la foi en un ordre du monde sublime et juste, et est en fait inconcevable sans lui. L’homme suit son chemin difficile, souvent terrible, à travers la culpabilité et la souffrance, mais c’est le chemin ordonné par dieu qui mène à la connaissance de ses lois. Tout vient de sa volonté. »

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