Exposition à l’anesthésie générale pour une césarienne et probabilités de dépression post-partum sévère nécessitant une hospitalisation
Contexte : Des recherches antérieures suggèrent que, par rapport à l’anesthésie régionale, l’anesthésie générale est associée à une augmentation des probabilités de troubles dépressifs postopératoires. Aucune étude n’a spécifiquement évalué l’éventuel effet protecteur de l’anesthésie neuraxiale pour une césarienne sur la santé mentale de la mère par rapport à l’anesthésie générale. Cette étude exploratoire a été conçue pour tester l’hypothèse selon laquelle l’anesthésie générale pour l’accouchement par césarienne est associée à une probabilité accrue de dépression post-partum (DPP) sévère nécessitant une hospitalisation par rapport à l’anesthésie neuraxiale.
Méthodes : Cette étude de cohorte rétrospective incluait les cas d’accouchement par césarienne réalisés dans les hôpitaux de l’État de New York entre janvier 2006 et décembre 2013. Les critères d’exclusion étaient les suivants : (1) avoir >1 accouchement par césarienne pendant la période d’étude ; (2) résider en dehors de l’État de New York ; (3) avoir subi une anesthésie générale pour une autre chirurgie ou un autre accouchement au cours de l’année précédente ou de l’année suivant le cas index. Le résultat primaire était la survenue d’une DPP, et les résultats secondaires étaient les suivants : (1) le composite d’idées suicidaires ou de blessures auto-infligées (c’est-à-dire la suicidalité) ; (2) les troubles anxieux ; et (3) les troubles de stress post-traumatique (TSPT). Les résultats primaires et secondaires ont été identifiés pendant l’hospitalisation de l’accouchement et jusqu’à un an après l’accouchement. Les odds ratios ajustés (aOR) et l’intervalle de confiance (IC) à 95 % des résultats psychiatriques indésirables associés à l’anesthésie générale ont été estimés en utilisant l’appariement par score de propension.
Résultats : Sur les 428 204 cas d’accouchement par césarienne inclus, 34 356 ont subi une anesthésie générale (8,0 %). Une DPP sévère nécessitant une hospitalisation a été enregistrée chez 1158 femmes (2,7/1000 ; IC 95 %, 2,5-2,9) ; parmi elles, 60 % ont été identifiées lors d’une réadmission, avec une médiane de 164 jours après la sortie. Par rapport à l’anesthésie neuraxiale, l’anesthésie générale lors d’une césarienne était associée à une augmentation de 54 % du risque de DPP (aOR, 1,54 ; IC à 95 %, 1,21-1,95) et à une augmentation de 91 % du risque d’idées suicidaires ou de blessures auto-infligées (aOR, 1,91 ; IC à 95 %, 1,12-3,25). Ces données ne contenaient pas suffisamment de preuves que l’anesthésie générale était associée à des troubles anxieux (aOR, 1,37 ; IC à 95 %, 0,97-1,95) ou à un ESPT (aOR, 1,50 ; IC à 95 %, 0,50-4,47).
Conclusions : L’anesthésie générale pour un accouchement par césarienne est associée à des chances accrues de DPP grave nécessitant une hospitalisation, d’idées suicidaires et de blessures auto-infligées. S’ils sont confirmés, ces résultats préliminaires soulignent la nécessité d’éviter l’utilisation de l’anesthésie générale pour l’accouchement par césarienne lorsque cela est possible, et de fournir un dépistage de la santé mentale, des conseils et d’autres services de suivi aux patients obstétricaux exposés à l’anesthésie générale.