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Les plus grands airs d’opéra

Avec tant d’airs existants, il est franchement impossible de dresser une liste objective des meilleurs ou des plus beaux ou des plus aimés. Des numéros de bel canto planants de Puccini, aux arias-cum-récitatifs de Tchaïkovski à l’harmonie complexe, il y a tant à choisir, et il y a quelque chose de différent pour chaque tessiture de voix et chaque personnalité !

On parlera souvent de l’interprétation singulière d’un air, par exemple « Casta Diva » de Dame Joan Sutherland ou « Nessun Dorma » de Pavarotti, et pourtant chaque interprétation apporte quelque chose de différent à la partition, tout aussi justifié artistiquement car il peint à partir d’une palette émotionnelle différente. Le monde de l’opéra ne cesse de découvrir de jeunes talents qui insufflent une nouvelle vie à nos airs classiques préférés – l’Operalia de Plácido Domingo (dont vous pourrez voir la finale très attendue sur medici.tv ce vendredi) verra certainement de nouvelles interprétations et leurs jeunes interprètes entrer sous les feux de la rampe !

Mais en attendant, voici une vitrine de stars qui, à une époque et un lieu donnés, ont laissé leur empreinte sur ces airs que nous connaissons et aimons. Parfois, l’ancien est vraiment doré…

O mio babbino caro

Signifiant  » Ô mon cher père « , cet air de soprano est extrait de l’opéra Gianni Schicchi de Puccini en 1918. Chanté par Lauretta, il offre un moment de répit lyrique dans la partition enflammée, notamment dans la Florence médiévale, une ville en proie à des tensions familiales et politiques. L’amour (et la voix de Maria Callas) peut-il guérir le monde de la douleur ?

La donna è mobile

« La femme est inconstante » était un coup de génie de la part de Verdi. La canzone, chantée par le duc de Mantoue au début de l’acte 3 de Rigoletto (1851), est à la fois séduisante et effroyable. Notre cœur saigne pour Gilda, mais les airs de l’aimable coquin sont délicieusement entraînants. Il s’agit d’une pièce pour ténor très appréciée, qui était l’une des préférées des gondoliers vénitiens du XIXe siècle ! Voici Juan Diego Flórez en briseur de cœur…

L’air de la « Reine de la nuit »

« Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen » (La vengeance de l’enfer bout dans mon cœur), est l’air de soprano colorature qui met fin à tous les airs de soprano colorature. Chantée par la Reine de la Nuit (ici jouée par Ana Durlovski) dans l’acte II de Die Zauberflöte de Mozart, l’aria dépeint l’exhortation vindicative de la Reine – Pamina doit soit tuer Sarastro, soit se soumettre à la malédiction de sa mère…

L’amour est un oiseau rebelle

Populairement connue sous le nom de « Habanera », cette aria de l’opéra Carmen de Bizet de 1875 est à peu près aussi sulfureuse que possible. La ligne chromatique taquine de Carmen, glissant sans effort entre le majeur et le mineur, est accompagnée de rythmes latins enjoués à la contrebasse. Chanté ici par Marina Domashenko, c’est un tour(eador) de force féminin.

Aria d’Onéguine

La tentative désespérée d’Onéguine pour séduire Tatiana au troisième acte d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski s’ouvre sur une référence fugace à cette même musique par laquelle il l’avait rejetée au premier acte. Son aria, peut-être moins célèbre que le « Kuda, kuda, vi udalilis » de Lenski, n’en est pas moins un tour de force, jouant avec les mêmes motifs musicaux sixièmes que la Scène des lettres.

Largo al factotum

Cette pièce de résistance pour baryton tirée du Barbier de Séville de Rossini pourrait être mieux traduite par « Faites place au valet de pied ! ». Avec ses triolets allegro vivace et ses -issimes qui tordent la langue, l’énergique (et diablement difficile !) premier air de Figaro est le parfait amuse-bouche d’opera buffa – une délicieuse combinaison de pompe et d’espièglerie. Glyndebourne a frappé l’or avec cette production mettant en vedette Björn Bürger dans le rôle de Figaro.

La complainte de Dido

« When I am laid in earth » de l’opéra Dido and Aeneas d’Henry Purcell est un autre air d’opéra qui se distingue – cette fois par sa litote.

La ligne vocale semble tirer vers le haut et s’enfoncer vers le bas en même temps, désespérément enchaînée à la terre par une séquence de quarte chromatique dans la basse du sol. Ce n’est qu’une seule fois que le mouvement timide, par paliers, et le chromatisme cèdent la place à une quatrième ascendante désespérée et déferlante sur « Remember me ». Joyce DiDonato a donné une interprétation chargée d’émotion de cet air pour son concert-récital philanthropique War and Peace.

Liebestod

A peine 4 heures après le début de l’emblématique opéra Tristan und Isolde de 1859 de Wagner, l’air final d’Isolde, « Liebestod », offre le point culminant tant attendu. Alors qu’Isolde pleure le cadavre de Tristan, les harmonies complexes de l’opéra commencent à se résoudre. Le couple destiné s’enfonce dans l’étreinte de l’amour, enfin consommé dans l’expression ultime d’un amour érotique après la mort.

Ah ! mes amis, quel jour de fête!

Ce numéro pour ténor de La fille du régiment de Donizetti est devenu une sorte d’air culte. Tonio, récente recrue des Grenadiers français, confie à ses camarades qu’il aime la « fille » du régiment, Marie. La joie qu’il éprouve face à leur approbation est chantée au loin avec pas moins de huit do aigus – mais étant donné la récente vogue des rappels, ce nombre est plus proche de 20 ! Le chantant ici est l’homme qui a brisé la règle d’or de Toscanini à la Scala…

Nessun Dorma

Puccini fait à nouveau partie du Top 10 avec son « None shall sleep » de Turandot. Créée en 1926, elle a été popularisée par Luciano Pavarotti lors de la Coupe du monde de 1990. Dans l’opéra, Calaf (le prince inconnu), chante avec toute l’émotion déferlante, triomphante et non feinte du coup de foudre. Pavarotti chante ici sa version définitive, lors du concert des Trois Ténors de 1994…

Nous sommes impatients de découvrir les joyaux que les 10 finalistes d’Operalia ont choisis pour leurs programmes. Il ne fait aucun doute qu’ils ont l’embarras du choix !

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