Médicaments psychotropes (2). Interaction entre les inhibiteurs de la monoamine oxydase (MAO) et d’autres substances
Les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) utilisés en clinique ont une action irréversible sur la MAO, qui persiste jusqu’à la resynthèse de l’enzyme. Les effets de petites doses quotidiennes d’IMAO sont donc cumulatifs. Les effets biochimiques de ces médicaments impliquent plusieurs substrats de la MAO, par exemple la dopamine, la tyramine, la sérotonine et, dans une moindre mesure, la noradrénaline et l’adrénaline.La MAO régule probablement le métabolisme des catécholamines et de la sérotonine dans les tissus, tandis que la catéchol-O-méthyltransférase est responsable du métabolisme de la noradrénaline et de l’adrénaline circulantes.Certains effets pharmacologiques des IMAO sont liés à l’accumulation de monoamines dans divers tissus qui suit la diminution de la désamination intraneuronale. Parmi ces effets, on retrouve l’inversion du syndrome de la réserpine chez les animaux et l’augmentation de l’action pharmacologique des monoamines. D’autres effets ne sont pas liés à l’inhibition de la MAO, par exemple la désynchronisation immédiate de l’EEG et les effets presseurs initiaux.Les IMAO peuvent potentialiser ou modifier l’action de plusieurs autres médicaments et même de certains aliments. Les mécanismes impliqués sont généralement raisonnablement prévisibles à partir des expériences sur les animaux. Les substrats de la MAO, par exemple la dopamine et la tyramine, provoquent des effets accrus et prolongés chez les patients traités par des IMAO. Cela est dû en partie à une altération du métabolisme des amines circulantes. En outre, l’inhibition de la MAO intestinale et hépatique augmente largement l’absorption de la tryamine provenant des fromages et d’autres aliments. Des quantités habituellement inoffensives de tyramine peuvent donc provoquer des réactions hypertensives chez les patients traités par des IMAO. Les amines sympathomimétiques à action indirecte, comme les amphétamines, l’éphédrine et les IMAO ayant des propriétés semblables à celles des amphétamines, peuvent être potentialisées, car elles peuvent libérer des quantités accrues de nor-adrénaline à partir des terminaisons nerveuses sympathiques après l’inhibition de la MAO. Les effets de toute amine, qu’elle soit ou non un substrat de la MAO, peuvent être renforcés par les inhibiteurs de la MAO produisant un bloc postganglionnaire. Une interaction pharmacologique néfaste est également possible entre les inhibiteurs de la MAO et les agents qui libèrent (réserpine) ou réintroduisent (précurseurs d’amines, par exemple la L-DOPA dans les fèves) des monoamines au niveau central et périphérique. Les médicaments qui sensibilisent les récepteurs adrénergiques et tryptaminergiques à l’action des monoamines, par exemple les composés de type imipramine, peuvent être fortement potentialisés par les inhibiteurs de la MAO. Les effets antihypertenseurs des thiazides et des agents bloqueurs de ganglions peuvent être renforcés par les IMAO. Quelques médicaments sont connus pour exercer des effets prolongés chez des patients occasionnels traités par des IMAO, par exemple la péthidine, les phénothiazines et le pentobarbital. Les IMAO peuvent éventuellement ralentir le métabolisme de ces composés par une inhibition non spécifique des enzymes microsomales du foie. Enfin, un grand nombre d’agents se sont avérés empiriquement évoquer des effets augmentés après inhibition de l’IMAO, par exemple l’insuline et les médicaments anti-Parkinson.