Méthodes de recherche en psychologie – 2e édition canadienne

La figure 1.1 présente un modèle plus spécifique de la recherche scientifique en psychologie. Le chercheur (qui, le plus souvent, est en réalité un petit groupe de chercheurs) formule une question de recherche, mène une étude destinée à répondre à la question, analyse les données qui en résultent, tire des conclusions sur la réponse à la question et publie les résultats afin qu’ils fassent partie de la littérature de recherche. Comme la documentation de recherche est l’une des principales sources de nouvelles questions de recherche, ce processus peut être considéré comme un cycle. Les nouvelles recherches conduisent à de nouvelles questions, qui conduisent à de nouvelles recherches, et ainsi de suite. La figure 1.1 indique également que les questions de recherche peuvent trouver leur origine en dehors de ce cycle, soit dans des observations informelles, soit dans des problèmes pratiques à résoudre. Mais même dans ces cas, le chercheur commencerait par vérifier la documentation de recherche pour voir si la question n’a pas déjà reçu de réponse et pour l’affiner en fonction de ce que les recherches précédentes ont déjà trouvé.

La recherche de Mehl et de ses collègues est bien décrite par ce modèle. Leur question – à savoir si les femmes sont plus bavardes que les hommes – leur a été suggérée à la fois par les stéréotypes des gens et par les affirmations publiées sur la bavardise relative des femmes et des hommes. Cependant, lorsqu’ils ont vérifié la documentation de recherche, ils ont constaté que cette question n’avait pas été traitée de manière adéquate dans les études scientifiques. Ils ont donc mené une étude empirique minutieuse, analysé les résultats (qui ont révélé très peu de différences entre les femmes et les hommes) et publié leurs travaux afin qu’ils fassent partie de la littérature scientifique. La publication de leur article n’est cependant pas la fin de l’histoire, car leur travail suggère de nombreuses nouvelles questions (sur la fiabilité du résultat, sur les différences culturelles potentielles, etc.) qui seront probablement reprises par eux et par d’autres chercheurs inspirés par leur travail.

Pour un autre exemple, considérez qu’avec la généralisation des téléphones portables dans les années 1990, les gens ont commencé à se demander si, et dans quelle mesure, l’utilisation du téléphone portable avait un effet négatif sur la conduite. De nombreux psychologues ont décidé d’aborder cette question de manière scientifique (Collet, Guillot, & Petit, 2010). Il était clair, d’après les recherches publiées précédemment, que le fait de s’engager dans une tâche verbale simple altère la performance d’une tâche perceptive ou motrice effectuée en même temps, mais personne n’avait étudié l’effet spécifique de l’utilisation du téléphone portable sur la conduite. Dans des conditions soigneusement contrôlées, ces chercheurs ont comparé les performances de conduite de personnes utilisant un téléphone portable avec celles de personnes n’utilisant pas de téléphone portable, à la fois en laboratoire et sur la route. Ils ont constaté que la capacité des personnes à détecter les dangers de la route, le temps de réaction et le contrôle du véhicule étaient tous altérés par l’utilisation du téléphone portable. Chaque nouvelle étude a été publiée et est devenue une partie de la littérature de recherche croissante sur ce sujet.

Qui mène la recherche scientifique en psychologie ?

La recherche scientifique en psychologie est généralement menée par des personnes titulaires d’un doctorat (généralement le doctorat de philosophie ) et d’une maîtrise en psychologie et dans des domaines connexes, souvent soutenues par des assistants de recherche titulaires d’une licence ou d’une autre formation pertinente. Certains d’entre eux travaillent pour des organismes gouvernementaux (p. ex., la Commission de la santé mentale du Canada), des associations nationales (p. ex., la Société canadienne de psychologie), des organismes sans but lucratif (p. ex., l’Association canadienne pour la santé mentale) ou dans le secteur privé (p. ex., dans le développement de produits). Toutefois, la majorité d’entre eux sont des professeurs de collèges et d’universités, qui collaborent souvent avec leurs étudiants de premier et de deuxième cycles. Bien que certains chercheurs soient formés et autorisés à exercer en tant que cliniciens – en particulier ceux qui mènent des recherches en psychologie clinique – la majorité d’entre eux ne le sont pas. Ils possèdent plutôt une expertise dans un ou plusieurs des nombreux autres sous-domaines de la psychologie : neurosciences comportementales, psychologie cognitive, psychologie du développement, psychologie de la personnalité, psychologie sociale, etc. Les chercheurs de niveau doctoral pourraient être employés pour mener des recherches à plein temps ou, comme de nombreux membres du corps enseignant des collèges et des universités, pour mener des recherches en plus de donner des cours et de servir leur institution et leur communauté d’une autre manière.

Bien sûr, les gens mènent également des recherches en psychologie parce qu’ils aiment les défis intellectuels et techniques que cela implique et la satisfaction de contribuer à la connaissance scientifique du comportement humain. Vous pourriez trouver que vous aimez aussi ce processus. Si c’est le cas, votre collège ou votre université peut vous offrir la possibilité de participer à des recherches en cours, soit en tant qu’assistant de recherche, soit en tant que participant. Bien sûr, il se peut que vous n’aimiez pas le processus de recherche scientifique en psychologie. Mais au moins, vous aurez une meilleure compréhension de l’origine des connaissances scientifiques en psychologie, une appréciation de leurs forces et de leurs limites, et une conscience de la façon dont elles peuvent être appliquées pour résoudre des problèmes pratiques en psychologie et dans la vie de tous les jours.

Les objectifs plus larges de la recherche scientifique en psychologie

Les gens ont toujours été curieux du monde naturel, y compris d’eux-mêmes et de leur comportement (en fait, c’est probablement la raison pour laquelle vous étudiez la psychologie en premier lieu). La science est née de cette curiosité naturelle et est devenue le meilleur moyen d’obtenir des connaissances détaillées et précises. N’oubliez pas que la plupart des phénomènes et des théories qui remplissent les manuels de psychologie sont le fruit de recherches scientifiques. Dans un manuel typique d’introduction à la psychologie, par exemple, on peut en apprendre davantage sur les zones corticales spécifiques du langage et de la perception, sur les principes du conditionnement classique et opérant, sur les biais du raisonnement et du jugement, et sur la tendance surprenante des gens à obéir aux personnes en position d’autorité. Et la recherche scientifique continue parce que ce que nous savons actuellement ne fait qu’effleurer la surface de ce que nous pouvons savoir.

La recherche scientifique est souvent classée comme étant soit fondamentale, soit appliquée. La recherche fondamentale en psychologie est menée principalement dans le but de parvenir à une compréhension plus détaillée et plus précise du comportement humain, sans nécessairement essayer de résoudre un problème pratique particulier. Les recherches de Mehl et de ses collègues entrent dans cette catégorie. La recherche appliquée est menée principalement pour résoudre un problème pratique. La recherche sur les effets de l’utilisation du téléphone portable au volant, par exemple, a été motivée par des préoccupations de sécurité et a conduit à la promulgation de lois visant à limiter cette pratique. Bien que la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée soit commode, elle n’est pas toujours nette. Par exemple, la recherche fondamentale sur les différences entre les sexes en matière de bavardage pourrait éventuellement avoir un effet sur la façon dont la thérapie de mariage est pratiquée, et la recherche appliquée sur l’effet de l’utilisation du téléphone cellulaire sur la conduite pourrait produire de nouvelles connaissances sur les processus fondamentaux de la perception, de l’attention et de l’action.

1. Pratique : Trouvez la description d’une étude empirique dans une revue professionnelle ou sur l’un des blogs de psychologie scientifique. Rédigez ensuite une brève description de cette recherche en fonction du modèle cyclique présenté ici. Une ou deux phrases pour chaque partie du cycle devraient suffire.
2. Pratique : En vous basant sur votre propre expérience ou sur des choses que vous avez déjà apprises en psychologie, énumérez trois questions de recherche fondamentale et trois questions de recherche appliquée qui vous intéressent.
3. Voyez la vidéo TED Ed suivante, dans laquelle David H. Schwartz présente une introduction à deux types d’études empiriques ainsi que certaines méthodes utilisées par les scientifiques pour accroître la fiabilité de leurs résultats :

Attributions de la vidéo

• « Comprendre la distraction au volant » par l’American Psychological Association. Licence YouTube standard.
• « Toutes les études scientifiques ne sont pas créées égales – David H. Schwartz » par TED-Ed. Standard YouTube Licence.

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