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Madame, Mademoiselle : en France, il s’agit de sexe, pas de respect

En France, on s’adresse aux hommes en les appelant Monsieur et aux femmes en les appelant Madame ou Mademoiselle. Alors qu’un Monsieur reste un Monsieur quoi qu’il arrive, une Madame est une femme mariée et une Mademoiselle une femme célibataire. Jusqu’à présent, tous les formulaires officiels étaient imprimés avec ces trois cases à cocher, relatives à ce que les Français appellent la civilité (un mot qui recouvre l’état civil et l’état matrimonial).

Cette semaine, une circulaire du Premier ministre a demandé aux administrations « d’éviter d’utiliser toute distinction de cette nature… ‘Madame’ doit remplacer ‘Mademoiselle’ comme équivalent de ‘Monsieur’ pour les hommes, ce qui ne donne aucune indication sur leur état matrimonial ». Mais je crains que ce n’est pas une énième circulaire qui va changer cette pratique tenace. En 1967, puis en 1974, une circulaire du ministère de l’intérieur indiquait que « Madame » devait être l’équivalent de « Monsieur ». Mais les choses n’ont fait qu’empirer avec l’internet. Si vous ne remplissez pas la case « état civil », vous ne pouvez pas soumettre de formulaire, car il s’agit de « champs obligatoires ». C’est le cas pour mes impôts, ma sécurité sociale et toutes sortes de réservations, notamment pour l’Eurostar… sur le formulaire français. Sur le formulaire anglais, je peux cocher « Ms » et personne ne me harcèle sur ma vie privée.

Une « Madame » est aussi bien sûr une tenancière de bordel : ce qui ne nous laisse aucun doute sur le fait que « Mademoiselle » fait d’abord référence à un état sexuel : être vierge. Quand on me demande de cocher ma civilité, on me demande en fait de donner des informations sur ma vie sexuelle – célibataire ou mariée, disponible ou non. C’est cet aspect qui a fait l’objet de protestations de la part des deux groupes féministes qui ont fait campagne pour ce changement.

Le même caractère intrusif s’applique à votre nom. Lorsqu’une Française se marie, il n’y a aucune obligation légale pour elle de prendre le nom de son mari. Mais la plupart des organismes d’État changent automatiquement son nom de famille. L’exaspérante case « nom de jeune fille » figure sur la grande majorité des formulaires administratifs, des bulletins de salaire, des factures, des dossiers médicaux et même des services d’achat en ligne. Sur ma carte d’assurance nationale, il m’a été impossible de conserver mon vrai nom. Quant à mes impôts, ce n’est que depuis deux ans que mon propre nom apparaît à côté de celui de mon mari, qui reste le « chef de famille » (un concept qui n’a plus aucune signification juridique, mais qui reste en usage).

Une loi française de 1986 précise qu’une personne a toute liberté de choisir le nom sous lequel elle est connue. Mais une femme mariée est constamment réduite au nom de son mari, et même au prénom de son mari. Ainsi, nous lisons la mort de « Madame Robert Dupont » : même dans la mort, la femme a été entièrement éliminée.

La galanterie française exige qu’une femme soit appelée « Mademoiselle » le plus longtemps possible, afin de dire qu’elle ne fait pas son âge – et qu’elle peut être baratinée, voire baisée. Appeler une femme « Madame » et corriger en « Mademoiselle », comme si vous aviez fait une gaffe, est une ligne classique de chat-up.

La liberté des femmes en France est beaucoup une question de mots, et je pense qu’elle est intimement liée à la langue. Comme dans beaucoup de langues latines, la forme masculine l’emporte sur tout lorsqu’il s’agit de l’accord grammatical des adjectifs et ainsi de suite. Nous disons Un Français et trente millions de Françaises sont contents ; ces 30 millions de Françaises doivent être contents au masculin comme le leur dicte leur unique compagnon masculin, plutôt que contentes comme elles le seraient sans lui.

Beaucoup d’hommes nous disent que nous nous trompons de combat, que nous devrions nous battre d’abord pour l’égalité salariale, ou contre le plafond de verre. Mais les mots comptent. Imaginons que les hommes non mariés doivent cocher la case Mon Damoiseau, l’équivalent médiéval de Ma Demoiselle. Les garçons ont rapidement cessé d’autoriser les gens à les appeler oiseau, ce qui sous-entendait la virginité. Alors que moi, à 43 ans, je me fais encore appeler « Mademoiselle », littéralement « ma petite poule ». Charmant, non ?

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