Pas de Speedo ? Alors nen’essayez pas d’aller nager en France – sérieusement
Si vous avez voyagé en dehors des États-Unis cet été, une langue étrangère n’a pas forcément été le plus grand facteur de stress du voyage. Ce sont souvent les coutumes locales qui nous font trébucher.
Prenez une sortie à la piscine locale, par exemple. Cela semble être une activité assez facile et universelle pour ne pas avoir à sauter à travers les cerceaux décourageants des différences culturelles, non ? C’est faux. Cela peut être une expérience inconfortable.
Je suis originaire de la ville d’Auxerre, en Bourgogne, en France. C’est un endroit charmant d’environ 35 000 habitants, riche en histoire médiévale.
C’est une petite ville, mais elle possède de nombreux monuments historiques remarquables, notamment une cathédrale et une abbaye du Moyen Âge, ainsi que d’anciennes églises et chapelles. Elle se trouve au milieu des collines bourguignonnes, connues pour leurs excellents vins.
La ville possède une autre attraction plus moderne dont les habitants sont fiers : sa phénoménale piscine publique – ou comme on l’appelle là-bas, le Stade nautique. Elle dispose de quatre piscines intérieures chauffées avec un jacuzzi, et de trois piscines extérieures, dont une de taille olympique avec un long toboggan tourbillonnant. C’est une installation aquatique d’une taille extravagante – pour sa ville – construite sur les rives verdoyantes de l’Yonne.
Les gens se déplacent depuis les villes et villages environnants pour y passer la journée, prendre le soleil sur ses belles pelouses et grignoter à son restaurant, quand ils ne se baignent pas. Vous payez une petite somme pour obtenir un bracelet qui vous donne accès aux installations. Rien de bien compliqué, si ce n’est le règlement sur les maillots de bain.
Vous voyez, dans la plupart des piscines publiques françaises, il existe une réglementation stricte sur le type de maillot de bain que vous pouvez porter, et donc partager avec les autres, dans l’eau.
Adeline Sire
En clair, en matière d’hygiène, votre maillot de bain ne peut pas être quelque chose que l’on pourrait vous trouver à porter en dehors de la piscine. Cela signifie pas de maillot, de bermuda, de tee-shirt ou tout ce qui n’est pas strictement destiné à la natation.
Les administrateurs de la piscine d’Auxerre disent qu’ils ne veulent pas que les gens traînent des saletés sur, ou sous, leur tenue d’été dans la piscine. Donc, si vous comptez vous joindre aux masses de nageurs – au nombre de 2 000 par une journée d’été bien remplie – vous aurez très peu de tissu pour couvrir votre propre costume d’anniversaire.
Où d’autre vous dirait-on de porter quelque chose de plus court et de plus serré, quelle que soit votre forme ? Homme, femme ou enfant, vous devrez porter une forme de spandex, quelque chose de serré, le genre que Speedo fabrique. Quelque chose qui ne laisse souvent rien à l’imagination – et ce n’est pas du goût de tout le monde.
Si l’on vous surprend à entrer dans la piscine avec un short de vélo, un short de course ou un maillot, les maîtres-nageurs – devenus policiers de la mode – vous siffleront et vous renverront dans le hall d’entrée où l’on vous demandera d’acheter une tenue adéquate. C’est là qu’interviennent les distributeurs automatiques pratiques.
Dans le hall de la piscine d’Auxerre, on trouve des machines qui vendent des boissons gazeuses, des sandwichs et des expressos, et d’autres qui distribuent tout ce qui est nécessaire pour la piscine, des bouchons d’oreille aux maillots de bain, en passant par le savon, le shampoing et les lunettes de protection.
Adeline Sire
Un mannequin en maillot de bain avec un grand panneau « interdit » autour du cou dans le hall de la piscine est censé illustrer, pour les touristes peu méfiants, le type de maillot de bain acceptable. En conséquence, en regardant autour de soi, on constate une certaine répétitivité dans les modèles de maillots de bain portés par les hommes et les garçons.
Il y a quatre modèles différents en tout, peut-être parce que c’est tout ce qui est disponible au distributeur automatique ou au magasin de sport bon marché de la ville.
Depuis que ces règlements sont entrés en vigueur, je ne me souviens pas que des hordes de touristes mécontents se soient indignés à ce sujet. Mais de temps en temps, il y en a un qui se fait prendre avec le pantalon long (les hommes plus que les femmes pour des raisons évidentes) et qui n’est pas content de cela.
Les Français viennent de s’habituer à cela, mais pour certains visiteurs, le fait que des administrateurs municipaux aient l’autorité de vous faire habiller à leur goût – ou déshabiller selon le cas – est complètement exaspérant. C’est l’une de ces bizarreries culturelles inévitables auxquelles les voyageurs doivent faire face en France.
En tant que résident des États-Unis, habitué aux règles françaises intransigeantes en matière de maillot de bain, il est toujours déconcertant pour moi que quelqu’un soit autorisé à entrer directement dans une piscine publique américaine, de la rue à l’eau, entièrement habillé, maillot de bain par-dessus les sous-vêtements, T-shirt par-dessus la poitrine et parfois avec des chaussures d’eau.
Cela pourrait me faire aimer encore plus les règles françaises « pas de vêtements – juste des Speedos ».
Mais il n’y a peut-être pas de peuple sur Terre plus fier de ses piscines publiques que les Islandais. L’Islande, où je viens de passer quelques jours, est riche en sources géothermiques et les grandes villes bénéficient de piscines extérieures chauffées naturellement. Parce qu’il n’y a pas de produits chimiques dans ces piscines, les nageurs sont censés prendre une douche méticuleuse au savon et à la brosse avant d’entrer dans la piscine.
On nous a dit que ces règles sont strictement appliquées partout, et les visiteurs s’y plient donc.
Adeline Sire
C’est ce que j’ai vécu récemment au spa géothermique Blue Lagoon, près de Reykjavik, où une jeune employée très polie regardait et ordonnait à toutes les visiteuses de se doucher nues avant de les laisser entrer dans la source chaude. Personne n’a semblé s’y opposer. Mais là encore, on ne disait pas aux gens comment s’habiller.