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Vénus

Vénus, ancienne déesse italienne associée aux champs cultivés et aux jardins, puis identifiée par les Romains à la déesse grecque de l’amour, Aphrodite.

Vénus avec Cupidon et un dauphin, sculpture classique ; au Museo Nazionale Romano, Rome
Vénus avec Cupidon et un dauphin, sculpture classique ; au Museo Nazionale Romano, Rome

Alinari/Art Resource, New York

Vénus n’avait pas de culte à Rome dans les premiers temps, comme le montre le savant Marcus Terentius Varro (116-27 av. J.-C.), attestant qu’il n’a trouvé aucune mention de son nom dans les archives anciennes. Ceci est corroboré par l’absence de toute fête la concernant dans le plus ancien calendrier romain et par l’absence de flamen (prêtre spécial). Son culte chez les Latins semble cependant être immémorial, car elle avait apparemment au moins deux temples anciens, l’un à Lavinium, l’autre à Ardea, dans lesquels se déroulaient les fêtes des cités latines. Il n’a donc pas fallu longtemps pour l’amener à Rome, apparemment depuis Ardea même. Mais comment elle en est venue à être identifiée à une divinité aussi importante qu’Aphrodite reste une énigme.

Vénus de Milo
Vénus de Milo

Vénus de Milo, statue en marbre d’Aphrodite provenant de Mélos, vers 150 av. 150 av. J.-C. ; au Louvre, Paris.

© Photos.com/Jupiterimages

Que l’identification de Vénus à Aphrodite ait eu lieu assez tôt est certain. Une raison qui y contribue est peut-être la date (19 août) de la fondation de l’un de ses temples romains. Le 19 août est la Vinalia Rustica, une fête de Jupiter. Jupiter et Vénus ont donc été associés, ce qui a facilité leur assimilation, en tant que père et fille, aux divinités grecques Zeus et Aphrodite. Elle était donc aussi la fille de Dioné, l’épouse de Vulcain et la mère de Cupidon. Dans les mythes et les légendes, elle était célèbre pour ses intrigues et ses liaisons romantiques avec des dieux et des mortels, et elle a été associée à de nombreux aspects, tant positifs que négatifs, de la féminité. En tant que Vénus Verticordia, elle était chargée de protéger la chasteté des femmes et des jeunes filles. Mais la cause la plus importante de cette identification fut la réception à Rome du célèbre culte de Vénus Erycina – c’est-à-dire d’Aphrodite d’Eryx (Erice) en Sicile – ce culte résultant lui-même de l’identification d’une déesse-mère orientale avec la divinité grecque. Cette réception a eu lieu pendant et peu après la deuxième guerre punique. Un temple fut dédié à Vénus Erycina sur le Capitole en 215 av. J.-C. et un second à l’extérieur de la porte de Colline en 181 av. J.-C.. Ce dernier se développa d’une manière qui rappelait le temple d’Eryx avec ses prostituées, devenant le lieu de culte des courtisanes romaines, d’où le titre de dies meretricum (« jour des prostituées ») attaché au 23 avril, jour de sa fondation.

plaque en faïence
plaque en faïence

Plaque à pied en faïence (majolique) émaillée à l’étain représentant la naissance de Vénus, par Francesco Xanto Avelli de Rovigo, 1533 ; au Musée d’art du comté de Los Angeles.

Photographie de Joel Parham. Los Angeles County Museum of Art, William Randolph Hearst Collection, 50.9.17

L’importance du culte de Vénus-Aphrodite était accrue par les ambitions politiques de la gens Iulia, le clan de Jules César et, par adoption, d’Auguste. Ils revendiquaient la descendance de Iulus, le fils d’Énée ; Énée était le fondateur présumé du temple d’Eryx et, dans certaines légendes, de la ville de Rome également. À partir de l’époque d’Homère, il est considéré comme le fils d’Aphrodite, de sorte que sa descendance confère aux Iulii une origine divine. D’autres que les Iulii cherchèrent à se rattacher à une divinité devenue si populaire et si importante, notamment Gnaeus Pompeius, le triumvir. Il a dédié un temple à Vénus sous le nom de Victrix (« porteuse de la victoire ») en 55 av. Le propre temple de Jules César (46 av. J.-C.), cependant, était dédié à Vénus Genetrix, et c’est sous le nom de Genetrix (« mère nourricière ») qu’elle fut la plus connue jusqu’à la mort de Néron, en 68 av. Malgré l’extinction de la lignée julio-claudienne, elle est restée populaire, même auprès des empereurs ; Hadrien a achevé un temple de Vénus à Rome en 135 ce.

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En tant que divinité italienne native, Vénus n’avait pas de mythes propres. Elle reprit donc ceux d’Aphrodite et, à travers elle, s’identifia à diverses déesses étrangères. Le résultat le plus remarquable de cette évolution est peut-être l’acquisition par la planète Vénus de ce nom. Cette planète a d’abord été l’étoile de la déesse babylonienne Ishtar, puis d’Aphrodite. En raison de son association avec l’amour et la beauté féminine, la déesse Vénus a été un sujet de prédilection dans l’art depuis l’Antiquité ; les représentations notables comprennent la statue connue sous le nom de Vénus de Milo (vers 150 av. J.-C.) et le tableau de Sandro Botticelli, La naissance de Vénus (vers. 1485).

Sandro Botticelli : La naissance de Vénus
Sandro Botticelli : La naissance de Vénus

La naissance de Vénus, détrempe sur toile de Sandro Botticelli, v. 1485 ; à la Galerie des Offices, Florence. 172,5 × 278,5 cm.

Gallleria Degli Uffizi, Florence, Italie/SuperStock

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