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Indications
La desmopressine (1-deamino-8-D-arginine vasopressine) est un analogue synthétique de la vasopressine alias hormone antidiurétique créé en 1977 utilisé dans le traitement dans une grande variété de conditions médicales pour inclure la polyurie nocturne, l’hémophilie A, le diabète insipide, la maladie de on Willebrand, les hémorragies urémiques, ainsi que de nombreuses utilisations hors étiquetage comme un complément à une solution saline hypertonique pour empêcher une correction rapide du sodium, une hémorragie intracrânienne associée à des agents antiplaquettaires variables et une réanimation traumatique avec une hémorragie active.
La polyurie nocturne est une affection fréquemment rencontrée presque exclusivement dans la population pédiatrique, qui répond à la fois à la desmopressine orale et intranasale. La desmopressine est également disponible pour les adultes qui se réveillent plus de deux fois par nuit pour uriner.
L’hémophilie A est une maladie autosomique récessive liée au chromosome X, caractérisée par la déficience ou l’absence du facteur VIII de la coagulation. Le facteur VIII est un composant intégral de la voie de coagulation intrinsèque qui, lorsqu’il est associé au facteur de von Willebrand, produit le facteur VIIIA actif, le cofacteur responsable de la transformation du facteur X en facteur Xa. Le facteur Xa active le IIa (thrombine) pour permettre la formation de fibrine, tous ces éléments faisant partie intégrante de la cascade de la coagulation. Ainsi, une déficience en facteur VIII entraîne des saignements récurrents, en particulier après des interventions chirurgicales ou des extractions. Les patients atteints d’hémophilie A sont également exposés à un risque accru d’hémorragie majeure secondaire à des blessures mineures, comme l’hémarthrose et l’hémorragie immédiate et/ou tardive après un traumatisme. La desmopressine sous forme intranasale ou intraveineuse a l’approbation de la FDA pour l’utilisation dans les cas légers à modérés d’hémophilie A, en substitution du facteur VIII.
Le diabète insipide (DI) se présente classiquement avec une polyurie et une polydipsie et peut être secondaire à de multiples autres pathologies. Les deux principaux types de diabète inspidus sont le diabète néphrogénique et le diabète central. Le diabète insipide néphrogénique indique l’incapacité des reins à répondre à l’hormone antidiurétique ou peut survenir à la suite d’une utilisation à long terme de lithium ou d’une surdose, ainsi que d’une multitude de troubles qui affectent la capacité inhérente des reins à fonctionner de manière optimale. Le diabète insipide central est dû à l’incapacité de l’hypothalamus à créer de l’ADH et peut survenir à la suite d’un traumatisme du système neurologique central ou de la tête, de tumeurs du SNC telles que le craniopharyngiome ou le germinome, ou de la destruction de l’ADH par les enzymes vasopressinases du placenta. Dans le diabète insipide central et néphrogénique, l’urine est incapable de se concentrer de manière optimale en cas de privation d’eau, et il y a une excrétion persistante et continue d’urine hypotonique. L’administration de desmopressine peut être utilisée pour distinguer le diabète insipide central du diabète insipide néphrogénique, avec une réponse positive notée dans le diabète insipide central, ce qui signifie que les reins répondent de manière appropriée à la desmopressine avec la concentration attendue de l’urine et une réabsorption accrue des fluides, ce qui entraîne une urine eutonique.
Le dysfonctionnement plaquettaire urémique englobe de multiples voies et déficiences impliquant l’urémie, entraînant finalement un dysfonctionnement plaquettaire. Bien qu’elle soit encore largement indéfinie, la pathogenèse la plus communément admise implique un dysfonctionnement plaquettaire secondaire à une altération de l’adhésivité plaquettaire et à une diminution de l’agrégation plaquettaire, ainsi qu’à une interaction plaquettaire endothéliale anormale. Les facteurs qui contribuent activement à la dysfonction plaquettaire chez les patients urémiques comprennent les toxines urémiques, l’anémie et la production d’oxyde nitrique.
La dysfonction plaquettaire urémique se produit pour plusieurs raisons, notamment les toxines urémiques circulantes, l’inhibition de l’agrégation plaquettaire par une production accrue d’oxyde nitrique, et l’anémie entraînant un flux turbulent plutôt que laminaire des produits sanguins. Il a été démontré que la desmopressine administrée par voie intraveineuse améliore la fonction plaquettaire dans l’heure qui suit son administration.
La maladie de von Willebrand résulte d’une déficience en facteur de von Willebrand. Ce facteur est essentiel à la formation du bouchon plaquettaire initial en réponse à l’exposition du tissu sous-endothélial. Les différents types de la maladie, par ordre croissant de gravité, sont le type 1, les types 2B et 2M, et le type 3. Les indications de la desmopressine comprennent le traitement des types 1, 2B et 2M. Elle est également très efficace pour traiter les maladies causées par les variantes Arg1597Gln, Met740Ile et Tyr1584Cys. On a également constaté que la desmopressine, dans des cas observés, diminuait le risque de complications hémorragiques chez les patientes enceintes souffrant d’une forme légère à modérée de la maladie avec une concentration de facteur de von Willebrand inférieure ou égale à 20 UI/dL.
Dans un nombre limité d’études portant sur des patients souffrant d’hémorragie sous-arachnoïdienne, certaines ont démontré suffisamment de preuves pour envisager l’utilisation d’une dose intraveineuse unique de desmopressine chez les patients souffrant d’hémorragie intracrânienne en attendant une intervention neurochirurgicale.
Dans un nombre restreint de patients souffrant d’hyponatrémie sévère avec un sodium sérique inférieur à 120 mEq/L, des études ont démontré le bénéfice de l’utilisation d’une solution saline à 3 pour cent par voie intraveineuse tout en initiant simultanément la desmopressine pour empêcher une correction rapide, diminuant ainsi le risque de développer un syndrome de démyélinisation osmotique.
La desmopressine a également été utilisée en réanimation traumatique et post-chirurgicale pour recevoir l’hémostase. Plusieurs études animales ont démontré que la desmopressine est utile dans le traitement de la coagulopathie sévère chez les patients blessés ou post-chirurgicaux.