Qui sont les chrétiens coptes d’Égypte's ?
(CNN) Une attaque à l’arme à feu qui a tué au moins 26 chrétiens coptes dans un bus en Égypte n’est que la dernière attaque contre le groupe religieux minoritaire, qui a été la cible de violences meurtrières tout au long de son histoire.
Dix hommes armés masqués en treillis ont ouvert le feu depuis trois véhicules sur les passagers qui se rendaient vendredi à un monastère près de la ville de Minya, a indiqué le ministère de l’Intérieur. Vingt-cinq autres personnes ont été blessées, et des enfants figurent parmi les victimes.
Voici ce qu’il faut savoir sur les chrétiens autochtones d’Égypte, dont les origines remontent à l’Antiquité.
Des millions en minorité
La plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, les chrétiens coptes constituent la majorité des quelque 9 millions de chrétiens d’Égypte. Environ 1 million d’autres chrétiens coptes sont répartis en Afrique, en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis, selon le Conseil œcuménique des Églises.
Les chrétiens coptes fondent leur théologie sur les enseignements de l’apôtre Marc, qui a introduit le christianisme en Égypte, selon l’église St. Takla à Alexandrie, la capitale du christianisme copte.
La langue copte descend des anciens hiéroglyphes égyptiens, selon le Conseil œcuménique des Églises. Le mot « copte » est une version occidentalisée de l’arabe « qibt », qui est dérivé du mot grec ancien pour désigner l’égyptien, « Aigyptos ». »
Des centaines de monastères coptes prospéraient autrefois dans les déserts d’Égypte, mais il en reste aujourd’hui une vingtaine, ainsi que sept couvents, gérés par plus de 1 000 moines coptes et environ 600 nonnes.
Le chef de l’Église copte est le pape d’Alexandrie, qui est basé au Caire. L’église gère des écoles primaires et secondaires dans toute l’Égypte, ainsi qu’un musée copte et un collège théologique dans la capitale égyptienne.
Histoire de persécution, récent pic de violence
Les chrétiens coptes ont été la cible de violences tout au long de l’histoire, notamment sous l’Empire byzantin et périodiquement après la conquête arabe au VIIe siècle. Un calife islamique au pouvoir vers l’an 1000 de notre ère aurait détruit 3 000 églises coptes et forcé un grand nombre de coptes à abandonner leur foi.
Les récents bouleversements politiques en Égypte ont apporté plus de violence à la communauté copte. La persécution et la discrimination ont connu un pic depuis le renversement du régime d’Hosni Moubarak en 2011. Des dizaines de coptes ont été tués dans des violences liées à la religion.
Les attentats à la bombe du dimanche des Rameaux cette année ont tué et blessé des dizaines de personnes dans deux églises chrétiennes coptes à Alexandrie et à Tanta, dans des attaques revendiquées par ISIS.
L’Égypte a été placée sous l’état d’urgence à la suite de ces attaques et alors qu’ISIS a promis de nouveaux carnages. Mais les Coptes, qui sont depuis longtemps la cible de violences, ne sont pas optimistes quant à l’évolution de la situation.
En décembre dernier, un kamikaze a visé une petite église rattachée à la cathédrale copte orthodoxe Saint-Marc au Caire, tuant 25 personnes et en blessant près de 50 autres. Personne n’a revendiqué la responsabilité de cet attentat.
Des églises et des maisons coptes ont été incendiées, des membres de la minorité copte ont été agressés physiquement et leurs biens ont été pillés, a rapporté en mars le groupe de défense des droits Amnesty International.
Les coptes ont également été pris pour cible en dehors de l’Égypte : Début 2015, une vidéo de propagande d’ISIS très produite prétendait montrer la décapitation de plus d’une douzaine de coptes égyptiens sur une plage en Libye.
Manque de représentation gouvernementale
Il y a peu de représentation chrétienne au gouvernement en Égypte, qui est à environ 90% musulmane sunnite. Le Parlement actuel compte 36 chrétiens sur 596 membres, et 24 des représentants chrétiens ont obtenu des sièges par le biais d’un système de quotas basé sur la religion, selon un rapport de la Brookings Institution.
Le rapport de Brookings constate que de nombreux coptes subissent une discrimination de routine malgré les protections prévues par la loi égyptienne. La constitution de 2014 garantit une liberté de religion « absolue » — mais déclare également que l’islam est la religion officielle de l’État et interdit la conversion à toute autre religion.
La constitution prévoit également des peines sévères pour le blasphème, et le gouvernement sous l’actuel président Abdel Fattah el-Sisi a poursuivi plusieurs cas de blasphème très médiatisés, selon Brookings.
Cette histoire a été mise à jour pour refléter la plus récente attaque contre les chrétiens coptes.